L’écart entre les politiques et les pratiques dans la gestion des catastrophes en Afrique
Sur le plan pratique, l’écart entre les politiques et les pratiques dans la gestion des catastrophes en Afrique est évident.
Une analyse approfondie des cadres politiques nationaux au Ghana, au Mozambique, au Nigeria, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Zambie et au Zimbabwe révèle un paradoxe constant et troublant : de forts engagements en matière d’égalité des sexes sur le papier sont neutralisés par une mise en œuvre aveugle au genre sur le terrain.
Alors que la plupart des constitutions nationales et des stratégies de haut niveau (comme les politiques nationales sur le genre) sont « sensibles au genre » et défendent l’égalité, les documents techniques spécifiques qui régissent la gestion des catastrophes ne parviennent souvent pas à traduire cette vision en action.
Principales conclusions de l’analyse :
- La Zambie et le Zimbabwe ont adopté une législation non sexiste.
Les principaux documents techniques—les « lois sur la gestion des catastrophes » ou les « lois sur la protection civile »—sont souvent considérés comme étant « non sexistes ». Comme le notent les analyses de la Zambie et du Zimbabwe, ces lois utilisent un langage neutre comme « personnes », « communautés » ou « ménages ». Ce langage apparemment inclusif est, dans la pratique, exclusionnaire. Les besoins spécifiques et différenciés des femmes, des filles, des hommes, des garçons et des personnes handicapées ne sont pas légalement établis, ce qui rend leurs vulnérabilités uniques invisibles dans le cadre juridique et opérationnel. - Le « mandat non financé » : Même dans les pays ayant des politiques « sensibles au genre » (comme la politique de santé du Ghana ou l’ancienne stratégie de genre de l’INGD du Mozambique), une lacune critique émerge : le « comment ». La prise en compte du genre est souvent traitée comme un ajout ou un mandat non financé. Les rapports du Sénégal et de la Zambie soulignent clairement l’importance de mettre en place des mécanismes de financement dédiés, tels qu’un « Fonds transformateur pour le genre », car sans financement adéquat, l’égalité des sexes demeure une question théorique. Au Mozambique, l’INGD a mis en place une nouvelle stratégie de genre et des mesures sont en train d’être prises pour atteindre un budget qui accorde une grande importance au genre.
- Les analyses mettent en évidence un « transfert de responsabilité » systémique. Les comités de GRC (comme NADMO au Ghana ou INGD au Mozambique) affirment que le ministère du Genre est responsable uniquement du genre. De même, le ministère du Genre fait souvent face à un manque de capacité technique et de ressources GRC pour intervenir de manière efficace. Cette approche en silo implique que le genre n’est pas pris en considération lors des phases critiques de planification, de budgétisation et d’exploitation de la gestion des catastrophes.
- Le gouffre de mise en œuvre : Les rapports du Nigeria et de la Côte d’Ivoire sont clairs : les politiques sont adoptées au niveau macro, et leur mise en œuvre au niveau de la communauté locale est tendue. Un manque de capacité, des normes patriarcales profondément enracinées et un manque de volonté politique aux niveaux local et du district signifient que les engagements pris au niveau national changent rarement la réalité pour les femmes et d’autres groupes vulnérables touchés par des catastrophes telles que des inondations ou des sécheresses, des cyclones, etc.
Résultats
Le problème n’est pas un manque total de politique, mais un échec critique dans la traduction et la transmission. Le « pourquoi » (égalité des sexes) est inscrit dans les constitutions, mais le « comment » (budgétisation transformative en matière de genre, opérations et indicateurs) est absent des cadres techniques qui régissent le secteur de la GRC.
