Sièges vides et alertes ignorées : Analyse des défaillances liées au genre dans les opérations de GRC (Gestion des Risques de Catastrophe)
Notre analyse des observations opérationnelles des six pays mène à une conclusion claire : les structures actuelles de préparation et de réponse aux catastrophes sont, par défaut, conçues par des hommes, pour des hommes.
Cela se reflète dans les données sur la représentation du genre, la communication et la distribution des ressources.
Le siège vide : Qui participe à la planification ?
Les cas illustratifs vont des *Comités de Gestion des Catastrophes* en Côte d’Ivoire aux Comités de gestion des catastrophes de district (DDMC) en Zambie et au Zimbabwe : Ces cas mènent à une seule conclusion : le leadership dans la gestion des catastrophes est très majoritairement dominé par les hommes.
Les données : Les femmes sont systématiquement sous-représentées. Le rapport de la Zambie note que les DDMC comptent parfois seulement 4 à 6 femmes sur 13 membres. Au Zimbabwe, le leadership est décrit comme "majoritairement masculin".
L’impact : Lorsque les femmes sont présentes, elles sont souvent reléguées à des rôles symboliques (comme secrétaire) ou n’ont pas le pouvoir de s’exprimer. Le résultat est que la perspective de "l’homme par défaut" domine.
L’alerte ignorée : Les défaillances de la préparation
Parce que les femmes ne participent pas à la planification, les systèmes de préparation ne sont par conséquent pas conçus pour répondre à leurs besoins.
Les données : Les systèmes d’alerte précoce (SAP) en sont une illustration. Les rapports du Ghana, de la Zambie et du Nigeria soulignent que les principaux canaux utilisés pour la diffusion des alertes étaient ceux majoritairement utilisés par les hommes :
- Radio : Les hommes sont plus susceptibles de posséder et de contrôler la radio.
- Téléphones portables : Les femmes ont un taux de possession de téléphones nettement inférieur.
- Réunions communautaires : Elles sont souvent convoquées par des chefs traditionnels (en grande majorité des hommes) et ciblent le "Chef de Ménage" (présumé être un homme).
L’impact : Les femmes, qui sont souvent à la maison ou dans les champs, loin des centres publics, ne sont pas prioritaires pour recevoir l’information, ce qui met en danger les femmes et celles dont elles s’occupent (enfants, personnes âgées, etc.).
La réponse défaillante : Aide humanitaire et VBG (Violences Basées sur le Genre)
Les échecs de la planification se répercutent directement sur la phase de réponse, qui discrimine activement les femmes et aggrave leur vulnérabilité.
Exclusion de l’aide : En règle générale, l’enregistrement pour l’aide humanitaire est lié au "Chef de Ménage". Cette pratique, constatée dans les rapports d’analyse de genre au Sénégal, au Mozambique et en Zambie, exclut systématiquement les ménages dirigés par des femmes, les veuves, les ménages dirigés par des enfants et les épouses de mariages polygames.
Alimenter la violence : En Zambie et au Nigeria, il est rapporté que lorsque l’aide monétaire est versée aux hommes chefs de ménage, cela entraîne des conflits domestiques et des Violences Basées sur le Genre (VBG), car les hommes peuvent ne pas distribuer les fonds de manière équitable.
Abris non sécurisés
Les rapports d’analyse de genre du Mozambique, du Nigeria et de la Zambie décrivent les abris temporaires comme des zones à haut risque. Ils manquent systématiquement de :
- Intimité (par exemple, pour séparer les familles).
- Installations sanitaires adéquates, non mixtes (séparées par genre) et bien éclairées.
- Accès sécurisé à l’eau et au combustible de cuisson.
L’impact : Ce défaut de conception est en corrélation directe avec une augmentation signalée des VBG (Violences Basées sur le Genre), de l’exploitation sexuelle et du sexe transactionnel dans les camps de déplacés et à leurs alentours. La "solution" elle-même (l’abri) devient un piège.
Résultat
Il ne s’agit pas d’oublis isolés ; ce sont des échecs structurels systémiques. Les systèmes de préparation ne sont pas conçus pour répondre aux besoins des femmes ; d’un autre côté, les systèmes de réponse les mettent activement en danger.
