Questions clés sur le genre dans la gestion des risques de catastrophes au Malawi | Policy Brief
Government of Malawi
African Risk Capacity
2022
Le Malawi est de plus en plus vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes. Au cours des cinq dernières décennies, le pays a connu plus de 19 inondations majeures et 7 sécheresses. La fréquence et la gravité de ces catastrophes se sont intensifiées récemment et devraient s’aggraver avec les changements climatiques, aggravés par des facteurs tels que la croissance démographique et la dégradation de l’environnement. En 2022, la tempête tropicale Ana a touché plus de 947000 personnes, causant 38 morts et 158 blessés, déplaçant 190000 personnes et laissant 18 disparus. Ces catastrophes ont des conséquences dévastatrices sur les vies, les moyens d’existence et l’infrastructure socioéconomique, poussant de nombreuses personnes dans la pauvreté et l’insécurité alimentaire.
Les principaux problèmes liés au genre et à la GRC au Malawi
Intégration minimale des considérations liées au genre
Les principales politiques et lois sur la GRC au Malawi, telles que la Loi sur la préparation aux catastrophes et l’aide d’urgence (1991), la Politique nationale de gestion des risques de catastrophes (2015-2020) et la Stratégie de financement des risques de catastrophe (2019), sont sans mention du genre. La Stratégie nationale de résilience (2018-2030) ne prévoit pas d’approches claires pour atteindre l’équité genre et l’inclusion, assurer le suivi et rendre compte. Une loi sur les GRC tenant compte du genre a été rédigée en 2015, mais n’est toujours pas adoptée. Cette sensibilité limitée à l’égard des femmes et des jeunes affecte leur participation, leur autonomisation et leur résilience dans la prévention des catastrophes et la préparation aux catastrophes.
Collecte et utilisation limitées de données désagrégées
Il n’y a pas d’analyse solide des risques liés aux femmes pour comprendre la nature genrée du risque de catastrophe. Par conséquent, il n’y a pas suffisamment de données ventilées par sexe, âge, état matrimonial et handicap, ce qui est essentiel pour concevoir des politiques et des interventions inclusives et sensibles au genre. L’indisponibilité de ces données empêche la création de mesures appropriées de gestion des droits numériques qui répondent aux besoins spécifiques des femmes et des jeunes.
Manque de financement pour les activités d’intégration des questions de genre
Le Département des Affaires de Gestion des Catastrophes (DoDMA) et le Ministère de l’égalité genre ne disposent pas de budgets spécifiques pour l’intégration de la dimension de genre dans la GRC. Par conséquent, le ministère coordonne à peine les activités d’intégration de la dimension de genre. Les structures de GRC, telles que les comités de protection civile des districts et les groupes de protection, sont sous-financées pour les activités liées au genre, en s’appuyant principalement sur les ressources des organisations non gouvernementales. Le projet de loi sur la GRC comprend un fonds pour les catastrophes, mais l’action positive visant à affecter un pourcentage de ce fonds à l’intégration des questions d’égalité genre permettrait de combler cette lacune.
Participation limitée des femmes aux systèmes de GRC
Les femmes et les jeunes sont sous-représentés dans les structures de GRC, qui sont dominées par les hommes. Les inégalités structurelles entre les sexes et le manque de formation des femmes aux structures GRC exacerbent ce défi. Les partenariats stratégiques avec des organisations communautaires de femmes et de jeunes sont essentiels pour la défense de l’inclusion des femmes dans les structures décisionnelles de la GRC.
Obstacles systématiques liés au genre dans l’assurance contre les risques de catastrophe
L’assurance contre les risques de catastrophe offre des avantages substantiels en matière de résilience, mais le coût est un obstacle pour les femmes rurales et d’autres groupes vulnérables. La faible littératie et sensibilisation financières des bénéficiaires ciblés ont entraîné une faible utilisation de l’assurance contre les risques de catastrophe. La refonte des mécanismes de prime en utilisant une perspective sexospécifique, l’augmentation de la sensibilisation, le renforcement de la littératie financière et le soutien des liens novateurs avec les approches d’épargne et de prêt dans les villages peuvent combler cette lacune.
Recommandations
1. Accroître les investissements dans la GRC adaptée au genre
- Mobiliser des ressources pour créer un fonds de transformation genre afin de financer les activités d’intégration de la dimension de genre et de s’attaquer aux inégalités structurelles dans le domaine de la GRC.
- Allouer 5 % du fonds proposé pour les catastrophes afin de soutenir l’autonomisation économique des femmes rurales et leur résilience face aux risques de catastrophe.
- Assurer que le financement des risques de catastrophe accorde la priorité à l’égalité entre les sexes, en impliquant le Ministère des Affaires féminines dans l’élaboration de stratégies nationales de gestion des catastrophes et en examinant les budgets publics fondés sur les risques.
2. Promouvoir la participation et le leadership des femmes dans la GRC
- Établir des partenariats avec les organisations communautaires de femmes et de jeunes pour sensibiliser la population à l’égalité entre les sexes et plaider en faveur de leur inclusion dans les structures de leadership en matière de GRC.
- Assurer une action positive pour la participation des femmes et des jeunes à la conception, à la gestion et à la mise en œuvre de politiques de GRC sensibles au genre.
- Intégrer l’égalité des sexes, l’intersectionnalité et les perspectives des droits de la personne dans les interventions sur la GRC, adaptées aux réalités contextuelles.
3. Institutionnaliser la collecte et l’utilisation de données désagrégées
- Assurer la participation des femmes et des jeunes à la collecte et à l’utilisation de données ventilées sur les catastrophes et le climat.
- Élaborer des lignes directrices et des outils d’évaluation de l’intégration de la dimension de genre pour les évaluations de vulnérabilité, de risque et de capacité tenant compte du genre.
- Intégrer l’analyse rapide genre dans les évaluations de rétablissement pour refléter les réalités contextuelles liées au genre.
- Renforcer les capacités du personnel de S&E en matière d’intégration des questions de genre et d’approches transformatrices.
4. Formuler des cadres stratégiques adaptés aux besoins des femmes
- Accélérer l’adoption du projet de loi sur la GRC afin d’harmoniser la clarté des politiques en matière de préparation aux catastrophes, d’intervention et de rétablissement.
- Accélérer l’examen de la politique nationale sur la GRC afin de l’harmoniser avec la politique nationale sur les genres et les cadres internationaux favorisant l’égalité des sexes dans la GRC.
- Assurer la coordination intersectorielle dans la formulation des politiques de GRC, impliquant le ministère du genre, les organisations de défense des droits des femmes, les réseaux féministes et les femmes individuelles.
5. Soutenir le financement des risques de catastrophe adapté aux besoins des femmes
- Institutionnaliser la budgétisation sensible aux sexospécificités et renforcer les mécanismes de suivi et de responsabilisation budgétaires.
- Soutenir les liens novateurs entre le financement des risques de catastrophe et les méthodologies VSL, et améliorer la littératie financière et la sensibilisation des femmes et des jeunes.
Aborder ces questions par des politiques et des actions ciblées garantira une approche plus résiliente et équitable de la gestion des risques de catastrophes au Malawi.
References
African Risk Capacity (2019), Gender Strategy and Action Plan, Johannesburg, South Africa
Government of Malawi (2019), Malawi 2019 Floods Post Disaster Needs Assessment (PDNA)
Government of Malawi (2022), Tropical Storm Ana Rapid Gender Analysis Report.
Government of Malawi (2019), Malawi 2019 Floods Post Disaster Needs Assessment Report
United Nations. Malawi Tropical Ana Response. Flash Update No 3.